Japon Jour 4 - Kamakura et ses temples
Le petit détail qui tue, celui qui - comme dans la chanson - n'est peut-être qu'un détail pour vous mais pour moi veut dire beaucoup, c'est tout de même que marcher, ça fait mal aux pieds. C'est vraiment le genre de truc qu'on oublie totalement de prendre en compte quand on s'amuse à faire un programme d'excursions tous azimuts sur 3 jours consécutifs, en mode wonderwoman. Pas que je me plaigne, non, mais ... disons que ça met du piment aux expéditions !
Bref, parlons de choses autrement plus réjouissantes et intéressantes : cette quatrième journée a vu la Saksha s'exporter hors de Tokyo pour aller explorer Kamakura. Et rendre visite au grand Bouddha !
Kamakura, une ville de campagne jusqu'à récemment encore très calme et que les japonais redécouvrent depuis peu, ancienne capitale du Japon avant Tokyo et un peu après Kyoto, une sorte de capitale de transition entre deux guerres de pouvoirs et changements de régence. Kamakura, un berceau de temples et un croisement de l'histoire du Japon qu'il me fallait visiter. Fondée par Yurimoto Minamoto, l'un des deux fils survivants de la famille Minamoto décimée par la famille Taira et revenu au pouvoir en vengeant les siens, Kamakura est devenue sa capitale afin qu'il puisse prendre ses distances vis-à-vis du pouvoir impérial qui siégeait à Kyoto, et qu'il puisse donc, en tant que Shôgun (grand chef des armées, le dirigeant temporel du Japon), gouverner sans interférence. Mort sans héritiers (enfin, ses héritiers étaient morts avant lui par causes pas tout à fait naturelles, selon l'histoire), la famille Hôjô (famille de sa veuve) prit la régence pendant de si nombreuses années qu'elle eut beaucoup de mal à "céder" le pouvoir lorsque l'Empereur (accompagné de ses troupes, pas fou le bourdon !) vint le réclamer. Venez, je vous emmène...
Nous sommes d'abord aller visiter Engaku-ji, le second temple bouddhiste zen le plus ancien de la région. Malheureusement, les bâtiments en bois ne sont pas d'origine, à cause des diverses catastrophes naturelles (notamment incendies très fréquents avant l'arrivée de l'électricité), et tout a été plusieurs fois refait sur le modèle originel.
La porte de la Montagne : tous les temples bouddhiste possèdent un bâtiment de cette sorte (ouvert) en entrée, qui contient parfois une statue porte-bonheur ou symbole de l'histoire du temple.
Une salle de méditation : en raison de leur construction (tatamis à l'ancienne très peu prisés par la nouvelle génération), ces salles ont tendance à disparaître.
Non, ceci n'est pas la triforce de Zelda, mais le blason de la famille de Hôjô
Une partie du jardin des cents déesses : une centaine de statues et de gravures de la déesse de la misériorde et de la bonté.
Une petite montée de 130 marches ...
Ainsi que la grosse cloche destinée à sonner, au nouvel an, les 108 coups sensés nous débarrasser des 108 désirs des hommes.
Nous nous sommes ensuite rendus au second temple du parcours, Kenchô-ji, qui est plus ancien que le précédent, dans l'histoire de Kamakura. Dans ce temple siège non pas un Bouddha (un être illuminé) mais un boddhisatva (ne me demandez pas l'orthographe exacte), qui est une personne ayant atteint l'illumination et l'ayant refusée pour porter assistance aux hommes.
Kenchô-ji possède une histoire sanglante et triste, illustrée par plusieurs légendes mais dont je ne vous livre que celle que j'ai retenue : le lieu sur lequel s'élève le temple serait un ancien champ d'exécution, et c'est pour appaiser les âmes tourmentées des victimes que ce temple aurait été construit. C'est pourquoi on peut y trouve un Giso (protecteur des enfants et des âmes en peine).
Ce Bouddha famélique est un présent diplomatique qui a été fait au Japon, sensé représenter la vraie voie de l'illumination (ça fait envie, hein ?)
Nous avons ensuite enchainé sur l'un des principaux temples Shinto (on les reconnaît aux "Tori", ces portes rouges spécifiques, comme sur la photo ci-dessous, et qu'on ne trouve jamais dans un temple bouddhiste), lieu dans lequel Yurimoto venait prier et faire bénir sa famille. Afin que son épouse enceinte de son héritier puisse se rendre plus facilement jusqu'au temple, il fit construire une grande avenue parsemée de Tori : cette avenue existe toujours et demeure la plus importante de Kamakura.
Le pavillon de danse construit pour l'épouse du frère de Yuritomo, que celui-ci retenait en ôtage de crainte de trahison. Le frère de Yurimoto l'avait grandement aidé dans sa conquête de pouvoir, mais ce dernier ne lui faisait aucunement confiance.
Le temple shinto vu du bas des escaliers (devant le pavillon de danse)
Une partie de l'avenue aux Tori, la plus grande artère passante et piétonne de Kamakura.
Cette belle promenade nous a menée vers notre lieu de ravitaillement. Au menu : soba froides et tempura (beignets) de légumes et de crevettes. Un régal !
S'ensuit la suite de la visite, avec un petit passage en ville, pour rejoindre enfin... le Grand Bouddha !
Une jolie petite boutique sur Totoro et l'univers de Miyasaki
Votre dévouée journaliste devant le Grand Bouddha de Kamakura
Nous nous sommes enfin rendus dans un dernier temple pour en prendre plein les mirettes avant de rentrer à Tokyo pour un repas bien mérité (le repas fera l'objet d'un autre poste)
Les pieds de Bouddha, qui symbolisent en fait un herbier des plantes bénéfiques selon le bouddhisme.
Nous avons eu la rare occasion de tourner la roue des mantras : normalement, il faut réciter tous les mantras avant de pouvoir la tourner, sauf une fois par an (le 18 Juillet :D) où l'on peut faire le tour de la roue, ce qui équivaut à réciter tous les mantras et apporte donc chance et bénédiction.
La déesse des arts et de la musique, dans une grotte, en compagnie de ses 16 fils (les dieux des examens, de la musique, etc...) : chacun a droit à son autel propre
Les gens ont la possibilité de poser des petites statuettes de cire pour attirer les faveurs de la déesse.
Toutes les bonnes choses ont une fin, et c'est donc l'esprit plein de toutes ces merveilles que je vous laisse, en espérant qu'elles vous ont un peu fait voyager aussi. Jusqu'à mes prochaines aventures !
(PS : ce que l'histoire ne dit pas, c'est que l'excès de climatisation m'a violemment enrhumée, et que j'ai passé la journée à arborer un masque sanitaire et à me moucher toutes les 5 minutes... exténuant ! Mais ça en valait la peine ;))